"Ne parles pas à des inconnus!"

 

Cette interdiction parentale de notre enfance continue d'influencer notre vie d'adulte, même si une partie de la team célibataire brave parfois cet interdit sur Tinder à la recherche du match de leur vie. Néanmoins en règle générale, passées nos folles années d'étudiants, les opportunités de rencontrer de nouvelles personnes tendent à diminuer. On parle de “social peak” vers les 25 ans, un âge où notre sociabilité serait la plus foisonnante avant de se recentrer progressivement sur un cercle plus restreint reposant sur 3 piliers (et oui, forcément) : familial, amical et professionnel.


 

Coucou le cocon

 

Ce cercle restreint s’apparenterait à un cocon douillet et protecteur selon le journaliste Vincent Cocquebert qui pressent l’avènement d’une civilisation du cocon. Selon lui, nous serions heureux dans nos petites forteresses d'intérieur uniformisés d’inspiration suédoise. Assis sur notre joli canapé Söderhamn acheté à Aubonne, nous sommes assaillis de notifications Insta, WhatsApp et TikTok, signaux venus de ce monde extérieur perçu de plus en plus comme menaçant et qui nous vient tristement à nous sans que nous n’allons plus à sa conquête.

 

 

La serendipité sociale comme arme de décoconïsation massive

 

Faut-il se réjouir ou déplorer cette civilisation du cocon? A chacun d’en juger. Certains assument pleinement leur lifestyle d’ermite (les anglosaxons parlent même de "goblin mode", en référence aux gobelins, ces lutins rabougris qui végètent dans leur grotte). Pour ma part j'ai pris le parti d'aller plus proactivement vers les autres et surtout depuis que la situation sanitaire le permet de nouveau, et ce pour 3 raisons.


Alors que les vacances sont des accélérateurs de rencontres, pourquoi devrions-nous refermer les écoutilles une fois de retour dans nos pénates lausannoises? Puisqu’il est assez facile d’échanger avec d’autres voyageurs croisés à l’autre bout du monde pour partager bons plans et bonnes adresses à ne pas rater, pourquoi ne ferions-nous pas de même dans notre habitat naturel vaudois? 

 

Il n'est d'ailleurs pas forcément nécessaire de changer de fuseau horaire pour faire ce genre de rencontres fortuites et agréables. Il suffit parfois d'un simple trajet en covoiturage pour s'apercevoir que le nombre de personnes intéressantes autour de nous est bien plus élevé que le nombre de nos contacts dans notre répertoire téléphonique ou dans notre cercle relationnel.

 

 

Pandémie insulaire

 

La deuxième raison tient à une prise de conscience provoquée par la pandémie. Le confinement suisse, bien qu'il ait été moins strict que ceux des pays voisins, a provoqué des troubles psychologiques assez sévères pour certains, et notamment chez les plus jeunes. Cela prouve bien que malgré cette "coconïsation" de nos vies mentionnée plus haut, l'homme demeure un animal social qui a besoin du contact de ses congénères. 

 

Peut être que chaque individu est en fin de compte une petite île à découvrir, un peu comme dans le jeu Animal Crossing qui a cartonné pendant le semi-confinement, ce qui n’est peut-être pas totalement un hasard. Certes il y a des récifs à éviter avant d’accoster ces îles et l’abordage ne peut se faire au grappin : qui apprécie de se faire accoster dans la rue par un inconnu?

 

En tout état de cause, à quoi bon rester chacun dans son cocon, alors que des gens sans doute très intéressants et animés par ce même esprit de «construction d’archipels» vivent peut-être dans le même quartier ou même sur le même pallier? "We've been all the way to the moon and back, but have trouble crossing the street to meet the new neighbor."



Aller au contact des autres pour s’enrichir mutuellement

 

La troisième raison m'est apparu totalement par hasard sous la forme d’un tweet de Rob Lawless, un américain d’une trentaine d’années qui s’est donné pour objectif de rencontrer 10 000 parfaits inconnus, chacun en "one-to-one" pendant une heure, pour parler de tout et de rien. Rob a rencontré ses premières centaines de "friends" d’abord en présentiel puis ensuite par visio lorsque le Covid est arrivé par effraction.


Son site robs10kfriends.com explique très bien le concept et Rob y insiste sur la richesse des échanges et des enseignements qu’il a pu en retirer. Cela l’a même incité à quitter son job pour se consacrer à temps plein à son projet.

 

Ce n’est pas l’échelle du projet, son côté performatif avec ces 10 000 rencontres qui s’apparentent un peu à un record à battre qui m'a séduit. Non, c’est simplement l’illustration concrète que des découvertes enthousiasmantes nous attendent au coin de la rue si on prend la peine de les provoquer.

 

 

Malgré cette fear of rejection tenace, jetons-nous à l’eau et rencontrons-nous !

 

Ce retour à la normale après la parenthèse du Covid est une formidable opportunité pour aller encore plus qu’avant vers les autres. Oui, cela ne va pas de soi mais j’ai la conviction que cela en vaut la peine et que le plus dur est de se lancer dans ce grand bain relationnel. Get A Pint est ma façon assez conceptuelle d’y mettre les orteils frileux mais l’eau du lac, réchauffée par cette lointaine frustration covidienne, semble désormais à la bonne température.

 

Allons-y ensemble la tête la première!

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